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Histoire du centre

La Marlagne est riche d’un passé prestigieux. 

  • Citée dans des documents divers depuis des siècles, la Forêt de Marlagne a connu l’occupation romaine avant de devenir, après la christianisation, un lieu de méditation pour les religieux et les ermites.
  • En 1619, le couvent de la forêt St Joseph, également appelé Désert de Marlagne, s’y installe, avec la bénédiction des Archiducs Albert et Isabelle.
  • Louis XIV visite le cloître en 1692. Des traces de cette période subsistent encore (un portique majestueux, une chapelle et des tronçons de l’enceinte).
  • A la Révolution française, la forêt de La Marlagne passe dans le domaine national. Napoléon en donne cependant la jouissance à l’évêque de Namur.  Le domaine est ensuite cédé à la famille Drion, en 1860. Celle-ci y édifie un château Renaissance serti dans la futaie: le Château aux Mille Fenêtres. Le bâtiment est rapidement vendu à une communauté de religieuses bénédictines. Incapables de sauver le château du vandalisme, elles en précipitent même la démolition, cédant des pièces détachées au plus offrant.

La Marlagne ! En 1963, il n’y avait plus à hésiter. Marcel se bat pour convaincre que le Ministère de la Culture française doit avoir son « Centre de formation des cadres » en terre wallonne. J’imagine qu’il a dû se faire violence pour retenir la région de Namur, loin de Haneffe, mais centre géographique de notre francophonie et nœud routier important.

En avril 65, acquisition de 14 hectares de forêt de chênes, de hêtres gigantesques avec notamment un séquoia de 45 mètres, un cèdre du Liban de 200 ans et un charme vénérable de trois siècles. Il offre sa chance à un jeune architecte, Charles Burton, chargé d’étudier les plans d’un énorme projet : bâtiment administratif, avec restaurant de 250 couverts ; ateliers divers ; logement de 250 stagiaires et instructeurs ; un centre de documentation ; une salle de spectacle polyvalente, susceptible d’accueillir des réunions internationales.

Marcel découvre sur les hauteurs de Wépion un site boisé incomparable, au lieu-dit « La Marlagne », connu par les Romains, apprécié plus tard par les ermites et visité par le Roi Soleil. Une terre prédestinée de toute évidence !

Sur le plan du spectacle, Marcel retient un de mes projets de « salle à capacité variable, à scène ouverte, avec aire de jeu transformable » qui m’apparaissait à l’époque (1965 !) comme une honnête solution de compromis pour sortir de la sujétion du théâtre à l’italienne, seul accepté dans notre pays.

Alors commence une longue suite de gags politico-administratifs et techniques dont l’un des plus sinistrement savoureux aurait été, selon la légende, l’ordre donné et exécuté de ne dynamiter le rocher que pour la première phase. Ce qui laissait supposer que l’on aurait à faire usage, par après, d’explosifs au ras des bâtiments fraîchement construits et de leurs fenêtres gigantesques. Ou d’user des vieux moyens ultra-rapides du temps passé, comme le marteau-pic. (..)

Quoi qu’il en soit, en 1977, la première phase est achevée et accueille ses premiers occupants. La première phase, c'est-à-dire, en gros, la partie administrative, le restaurant de 250 couverts, le centre de documentation, 6 ateliers et 30 chambres. Bien qu’il manque le principal sur le plan fonctionnel, la demande dépasse toutes les prévisions ; La Marlagne, déjà dans son état actuel, prouve sa nécessité.

En 1978, Marcel avoue son découragement. « Nous ne verrons jamais La Marlagne terminée. Faut-il poursuivre la seconde phase ? … Nous n’osons pas répondre ». Marcel nous a quittés en avril 1979. Paradoxalement, le seconde phase a débuté en décembre de la même année. Elle se poursuit à une allure record avec une équipe extraordinaire d’efficacité. Nous nous en réjouissons. Avec une certaine amertume. (…)

J’ose espérer qu’en 198… ?, le jour de l’inauguration de l’ensemble, les hommes se souviendront et que La Marlagne portera définitivement le nom de celui qui l’a voulue, pensée et suivie dans ses moindres détails.

Frank LUCAS, « Marcel Hicter et le Théâtre » in Marcel Hicter, Cahiers JEB, Direction générale de la jeunesse et des loisirs du Ministère de la Culture française, Fondation Marcel Hicter pour la Démocratie culturelle, Magermans éd., Andenne, Belgique, 1983. Texte rédigé avant 1981.